Trump. Le grand, le petit

von Antoine Jaccoud 16. November 2016

Je ne suis pas de ceux qui se font du souci. Je suis un optimiste. Je me dis qu’il va s’ennuyer parce que c’est embêtant la politique, il faut discuter avec des gens, il faut écouter, il faut s’intéresser à des sujets ennuyeux, il faut des fois annuler une partie de golf, ou un repas avec une miss, ou même se coucher tard parce que la réunion s’est éternisée.

Je me dis aussi que ça ne va pas aller de toute façon, à cause de son caractère de cochon, qu’il va s’engueuler avec le cuisinier, les femmes de ménage, les bodyguards, les jardiniers, les spécialistes de l’islam, du réchauffement climatique, et même le peuple tout entier pour finir par sortir, la queue basse, par la petite porte de l’impeachment.

Je me dis enfin qu’il n’avait pas envie, au fond, d’y être, d’y parvenir, de se retrouver pour de vrai dans cette pièce ovale, dans cette grande maison, avec Air Force One et sa salle de bain volante à disposition, que c’était la campagne surtout qui l’intéressait, l’excitation de la campagne, là tu peux gueuler, tu peux dire n’importe quoi, tu peux insulter tout le monde, mais après, après tu es dans un bureau, tu es tout le temps dérangé – par des militaires, des ambassadeurs, des experts de ceci ou de cela, des conseillers, des gens qui qui viennent te parler de trucs aussi chiants et compliqués que la bande de Gaza, ou le destin de la Crimée, ou même l’Europe, alors je me dis: il va démissionner, ou partir en burn out, ou alors faire une énorme connerie (pas trop énorme quand même).

Et puis je me dis enfin qu’ici aussi on élit parfois des gens borderline, imprévisibles et volontiers obscènes. Prenez par exemple ce conseiller d’Etat en charge de la formation et de la sécurité se rendant à une conférence d’extrémistes de droite à Berlin tandis que sa police interdisait dans le même temps un meeting de néo-nazis dans son canton.

Moi qui suis également en charge de la formation et de la sécurité, celles de mes enfants, ça me troue littéralement le cul d’entendre des choses pareilles.  On a tous son Trump, au fond, le grand ou le petit modèle.