l’avenir dure longtemps

von Antoine Jaccoud 9. Dezember 2015

Je n’aime pas les Noirs qui font tache sur les patinoires de mon pays.

Je n’aime pas que des petits syriens ou afghans cherchent à me tirer des larmes en se foutant au jus sans savoir nager.

Je ne crois pas trop au réchauffement climatique et je n’ai pas envie qu’on m’emmerde tout le temps avec ça.

J’apprécie les centrales nucléaires même quand elles sont fissurées.

J’aime les frontières fermées (à part lorsqu’il s’agit d’importer du poulet américain lavé au chlore).

Je n’aime pas que des juges étrangers mettent leur sale nez dans mes petites affaires.

Je suis contre toute réglementation en matière de circulation automobile, de protection de l’environnement et d’antiracisme.

Je n’aime pas le service public et ses émissions casse-couilles sur la religion ou les vols spéciaux.

Je n’aime pas les pétitionnaires qui protestent contre l’installation de canons à neige ou l’impunité de Glencore devant ses bureaux de Baar.

Je trouve que la culture coûte trop cher.

Je trouve que les vieux coûtent trop cher.

Je trouve que les handicapés coûtent trop cher.

Je trouve que tout coûte trop cher à part le salaire de mes amis.

Je pense que si les gens sont malades c’est un peu de leur faute.

Je trouve que le fusil d’assaut a sa place à la maison.

Je trouve que la femme a aussi sa place à la maison.

Je trouve que les migrants doivent rentrer à la maison.

Je pense que l’agriculture bio est une connerie.

Je pense que l’Union Européenne est une connerie.

Je pense que Greenpeace, le WWF et même l’ONU sont des conneries.

Je m’appelle Norman, je m’appelle Guy, je m’appelle Thomas, je m’appelle…- on s’en fout comment je m’appelle.

Robot de Zoug, taureau de la Leventine ou sanglier de Bursins, je serai tout à l’heure conseiller fédéral et si j’étais vous, ce garçon qui a fêté son quinzième anniversaire ce soir, par exemple, ou cette petite Lily de 2 kilos 400 née un peu plus tôt dans la soirée, je me mettrais à l’abri, passerais en respiration abdominale et étudierais sérieusement la carte de la planète Mars.

Ici, c’est foutu.