Last days

von Antoine Jaccoud 27. Mai 2015

J’ai pris la valise de cuir Vuitton que je garde toujours sur l’armoire (je suis souvent en déplacement, vous savez) et j’y ai glissé quelques vêtements propres:

Deux chemises Kauf bleu-ciel, trois slips Calida, une camisole Schiesser, la trousse de toilette en couilles de zébu offerte par président de la fédération du Lesotho et puis mon réveil Hublot, reçu l’an dernier des mains du patron de cette firme, celui qui m’envoie aussi toujours un morceau de son gruyère après la désalpe.

Ensuite, comme il me restait un peu de place dans mon bagage, j’y ai glissé aussi le survêtement de l’équipe qatari offert par mon Zizou (au cas où je ferai du sport ces mois prochains) et une paire d’Adilettes bleues et blanches (pour me protéger des mycoses) que m’avait envoyée le papa de Messi après que je lui ai donné des tuyaux pour les impôts de son fiston.

J’ai rangé ensuite mon bureau, me débarassant au passage de l’agrafeuse en or massif offerte par Ronaldo l’an dernier, et puis j’ai passé quelques coups de fils sur mon portable pre-paid, celui dont personne ne connaît le numéro.

Un à la banque **,  une filiale de la banque **** installée aux îles Vierges, pour leur demander de fermer mon compte.

Un au Dolder pour leur dire que je ne viendrai pas manger à midi (malgré le fait que la Salade César, ma préférée, était à la carte aujourd’hui). Et un à mon médecin pour lui dire que je lui donnerai mon adresse dès que je la connaîtrai.

J’ai ensuite demandé à Britta d’annuler tous mes rendez-vous, oui, même celui avec le Comte Zaroff, le président de la Fédération de Syldavie, et puis j’ai enfilé mon blazer, celui à carreau, avec l’écusson sur le coeur, et j’ai appelé le chef de la police zurichoise, un ami personnel: Salut, c’est Sepp, tu pourrais venir me chercher, s’il te plaît? Je me rends. Les carottes sont cuites, et puis de toute façon j’en ai marre, je suis fatigué.